Onzième dimanche du temps ordinaire
Frère Jacques Bélanger, capucin
Nous sommes au Moyen-âge. Un homme travaille avec acharnement à tailler des pierres. Que faites-vous là, mon ami, lui demande un passant. «Je bâtis une cathédrale», répond-il simplement. Le produit final n'est encore que dans sa tête. Que de pierres il lui faudra tailler avant de voir sa Cathédrale! Combien d'autres que lui devront contribuer à cette construction. Mais déjà la fierté l'envahit.
Ce rappel d'un fait du Moyen-Âge m'a aidé à comprendre cette Parabole de Jésus que nous lisons aujourd'hui dans saint Marc : «Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment». (Marc 4,26)
L'homme a pris sa responsabilité. Il a ensemencé son champ, en y mettant sans doute une semence de qualité, et en ayant bien préparé le terrain : c'est son métier. Il ne voit pas encore le champ de blé; ni le pain, ni le Corps du Christ consacré à partir du pain. Mais il peut se reposer et éprouver de la fierté :
les humbles gestes qu'il vient de poser vont prendre une dimension inespérée. Je l'entends dire, à l'image du tailleur de pierres : «Je sème le Corps du Christ … Je bâtis le Royaume de Dieu!»
N'est-il pas rassurant d'entendre le Christ nous dire : «Fais ton métier d'homme, et laisse-moi faire mon métier de Dieu! Donne-moi ton humanité à son meilleur et fais-moi confiance : c'est moi qui fournis le carburant.»
Nous qui «cheminons sans voir», comme il est reposant de savoir «dans la foi» que l'Esprit de Jésus connaît bien le terminus de notre voyage, et qu'il s'est engagé à nous y conduite, pour peu que nous fassions notre part, et que nous lui accordions vraiment notre confiance!
Frère Jacques Bélanger, capucin
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