Vingt-huitième dimanche du temps ordinaire
André Beauchamp
Nous vivons, comme chacun sait, dans une société de consommation. Fini le temps des avaricieux qui conservaient jalousement leur argent dans quelque bas de laine ou coffret bien caché. Hors les spéculateurs (qui ne manquent pas toutefois), les gens n'entassent pas leur argent. Ils le dépensent et même s'endettent. Mais qu'on le cache ou le gaspille, l'argent reste le maître de nos vies. Pour être quelqu'un aujourd'hui, il faut consommer. Consommer pour épater, pour être vu, pour avoir les gadgets à la mode. Et c'est ainsi, insidieusement, que l'esclavage se crée, que l'argent devient le seul critère de la vie politique, sociale et personnelle.
Le sage préfère la sagesse à l'argent. Plus que la richesse, que les pierres précieuses, plus même que la beauté, la sagesse lui importe. Dans le récit évangélique d'aujourd'hui, un homme vient voir Jésus et lui demande ce qu'il faut faire pour accéder à la vie éternelle. Jésus le réfère aux commandements de Dieu. Cela, je l'observe depuis ma jeunesse, répond l'homme. Il est riche de bonnes œuvres. Alors, débarrasse-toi de tout et suis-moi, dit Jésus. L'autre ne peut pas se délester ainsi de ce qui l'enchaîne : alors il s'en va, tout triste.
Pour être libre, il faut entrer dans la foi, se libérer de tout, même de soi-même et suivre Jésus. Miser sa vie sur lui. On a fait de ce récit une parabole sur la vie religieuse. C'est abusif. Jésus parle de la foi, tout simplement. La personne qu'il vise, c'est chacun de nous en son état présent. L'argent est fort utile. Il faut bien le gérer. Mais il ne sauve pas. Il faut aller jusqu'à la foi. L'argent est un précieux serviteur. Un très mauvais maître.
André Beauchamp
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