Onzième dimanche du temps ordinaire
Ghislaine Salvail, s.j.s.h.
Entre le pharisien, le juste, et la pécheresse notoire, il n’y aura aucun signe de rapprochement. Le premier en oubliera même les convenances envers son hôte, d’ailleurs Jésus le lui reprochera : Tu vois cette femme? Je suis entré chez toi et tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds (v. 44). Jésus au contraire accueille les gestes outranciers de la femme car, quel que soit l’invité, il n’est pas coutume de mouiller ses pieds de larmes, de les essuyer avec les cheveux, de les couvrir de baisers et d’y verser du parfum. Avouons que la pécheresse en question n’a rien épargné, au contraire, elle dépasse même les convenances. Aussi, le pharisien s’en offusque : il se dit en lui-même : Si cet homme était un prophète il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est : une pécheresse (v 39).
En définitive, le pharisien et la pécheresse emmurés derrière leurs contradictions apparentes, ne sont que des prisonniers, que des otages d’eux-mêmes. Pourquoi? Parce que l’un est figé dans son personnage de bien-pensant et que l’autre est ostracisée de par sa réputation. Tout semble dire aussi que le pharisien n’a pas invité Jésus par amitié mais bien plutôt pour discuter sur la manière d’observer la Loi. L’occasion lui est fournie par la visite impromptue de cette femme. Mais ce que le pharisien ignore, c’est que le prophète Jésus n’est pas celui qui s’attarde sur l’ancienne vie de cette femme mais sur celle de son avenir : Ta foi t’a sauvée. Va en paix! (v. 50) lui dit Jésus. Ce dernier n’est donc pas juge du passé mais du futur de l’homme et de la femme que nous sommes. Nous sommes des pécheurs pardonnés. Jésus est venu pour apporter la paix à ceux et à celles qui croient. La phrase qui termine la lecture brève et que nous venons de citer, s’adresse encore à nous aujourd’hui : Va en paix! La parabole que Jésus développe par la suite n’est là que pour respecter son hôte et lui enseigner, sans trop le contraindre, que l’important c’est l’amour que l’on met lorsqu’on veut obtenir le pardon de l’offensé (v. 27). Rien ne dit si notre pharisien a saisi la leçon. Souhaitons que oui, car c’est là l’essentiel du message évangélique.
Ghislaine Salvail, s.j.s.h.
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