Le regard de la foi

Quatrième dimanche du Carême

Frère Joseph Beaulieu

« J'étais aveugle, et à présent je vois. » En lisant ces mots, je n'ai pu m'empêcher d'entendre dans mes pensées ce magnifique chant que vous connaissez sûrement : Amazing grace. Nous avons tous, au moins une fois dans notre vie, entendu cette hymne qui ne nous laissa pas indifférents.

Bien que cette ravissante mélodie fût composée une quarantaine d'années après la publication du texte, les paroles n'en sont pas moins touchantes. Publié en 1779 par le pasteur anglican John Newton, c'est en s'arrêtant sur l'inspiration de l'origine des mots que nous en percevons la profondeur. En effet, avant de devenir pasteur John Newton reconnu pour ses mœurs peu inspirantes, était capitaine de navire négrier participant ainsi à la traite d'esclaves. Suite à une tempête où il frôla la mort, il se convertit, devint pasteur et militant pour l'abolition de l'esclavage. Dans ce poème, il reconnaît la grâce de la foi qui lui a été faite : « Grâce étonnante, au son si doux, qui sauva le misérable que j'étais ». Comme l'aveugle de naissance dans l'évangile de ce 4^e dimanche du carême.

Cet aveugle était, aux yeux des hommes, considéré comme un pécheur. Cependant pour Jésus, il en est tout autre chose. « Ni lui ou ses parents n'ont péché ». Lorsque Jésus ouvre les yeux de cet aveugle, ce ne sont pas seulement les yeux charnels qui se sont mis à voir, mais aussi le regard de la foi. Évidemment, comme il est à l'habitude de l'évangéliste Jean d'écrire, c'est par un long dialogue que l'homme qui a retrouvé la vue en vient à croire que Jésus est le Messie.

Le pasteur John Newton se réfère à ce passage d'évangile, pour parler de son expérience spirituelle. Dans un épisode marquant de sa vie, il a su voir outre les apparences la grâce de Dieu qui a agi en lui. De cette expérience, le révérend Newton se mit en dialogue avec son Sauveur et témoigna de l' « amazing grace » que le seigneur lui fit à l'instant où il accueillit la foi.

Frère Joseph Beaulieu