(NDLR : cette
semaine sont publiés sur ce blogue des textes concernant Saint Padre-Pio, qu’on
trouve en certains livres et sur l’Internet. On vous invite à consulter ces livres
et ces sites pour plus d’information.)
par Mgr. Cosmo Francesco Ruppi
Ce qui frappe le plus
les disciples dans la vie et de la manière de se porter de Jésus, c’est sa
constante, continuelle, insistante prière. Il prie le jour et la
nuit ; il prie avant de commencer sa vie publique ; il
reste toute une nuit en prière avant d’appeler ses premiers apôtres.
Parmi les nombreux épisodes de Jésus en prière, il y en a un
qui suit immédiatement la multiplication des pains : les disciples
soutenus par la foule, le cherchent pour le proclamer roi, tandis qu’il a
disparu sans que personne ne s’en aperçut. Ils vont le chercher et le trouver
assis sur une barque, en prière. Nous devons à tout cela la
demande, faite au Maître, de nous apprendre à prier, et nous devons
être reconnaissants à cette demande, car d’elle naît la plus belle prière du
monde : le « Notre Père ».
La synthèse de tout
l’enseignement de Jésus sur la prière est dans les célèbres paroles :
« Priez toujours, sans jamais vous décourager » (Luc 18,1),
reprise par l’apôtre saint Paul : « Soyez assidus à la prière,
qu’elle vous tienne vigilants » (Col. 4,2) et
« Priez sans cesse ; en toutes conditions, soyez
dans l’action de grâce ». (1Th. 5,17). Padre Pio avait constamment
présents ces textes, et dans ses lettres il y a des centaines et des
centaines de références à la prière, au devoir de prier et aux
différentes façons de prier.
La prière, pourtant, ne
veut pas dire égrener Ave Maria et chapelets, et pas même répéter des centaines
d’oraisons jaculatoires. La prière, c’est avoir son esprit en
Dieu ; avec Jésus, avec la Sainte Vierge et les Saints ;
prier veut dire donner son existence au Seigneur sans jamais s’en
détacher ; au contraire, en renouvelant de don de soi à chaque
instant.
Voilà la prière de
Padre Pio. C’est pour cela que nous pouvons dire de lui ; ‘ c’était
un frère fait prière’.
UN FRÈRE FAIT PRIÈRE. Si on
parcourt sa vie et on lit ses lettres, on comprend immédiatement que pour lui
la prière n’est pas une occupation parmi les autres, mais c’est la vie
même, son existence réelle et continuelle. De son vivant, il priait
le jour et la nuit, la nuit et le jour. De nombreuses photos le
montrent dans le chœur, le manteau sur la tête, devant le crucifix,
en prière. Personne ne sait combien de prières il a élevées pendant
la décennie obscure, quand il ne pouvait que se rendre dans la
chapelle intérieure du couvent, sans aucun contact avec les autres.
S’il a résisté sans devenir fou, c’est parce qu’il s’est abandonné
à la prière constante et il a vécu ces années tristes avec la sérénité d’un
homme qui est sans trêve en contact avec le Seigneur. Voilà enfin
l’essence de la prière pour saint Pio et ce qu’elle devrait être pour chacun de
nous : non la répétition de formules, non des soupirs et des larmes,
mais abandon dans le Seigneur, dans ses bras, comme un enfant
avec sa mère. Abandon complet en Celui qui sait tout et qui peut tout …
Dans une lettre du 1er novembre 1913,
il avait à peine 26 ans, il parle d’une <oraison sereine,
d’immersion en Dieu, de connaissance de la grandeur divine et de sa
propre misère…> (recueil de lettres I, 420). En ce peu de mots,
il y a l’histoire de la prière de notre Saint et aussi l’enseignement
qu’il nous a laissé en héritage.
LE VRAI HÉRITAGE. Dans
le livre magnifique du père Alessandro de Ripabottoni, (je me rappelle toujours
avec une immense émotion, quand il venait dans sa ville natale et
s’adressait au jeune évêque de Termoli et Larino !) on trouve
écrit, au début, l’un des témoignages les plus incisifs du Padre :
« La prière est l’effusion de notre cœur en celui de Dieu … Quand
elle est bien faite, elle émeut le cœur divin et l’invite toujours plus à
nous exaucer. Cherchons à fondre tout notre esprit quand nous nous
mettons en prière devant Dieu. Il reste attaché à nos prières pour
pouvoir venir à notre aide"
Les prières donc,
ne sont pas des paroles, elles ne sont pas des phrases lues ou
répétées par cœur, mais ce sont des effusions du cœur en Dieu : on
prie quand on s’adresse à Dieu comme des fils envers le Père et quand notre
cœur est projeté dans le cœur de Dieu, qui est le Christ lui-même.
La prière est l’immersion en Dieu ; cela veut dire
sortir de soi-même, entrer dans la lumière de Dieu. Tout cela est
possible uniquement si nous sommes convaincus que nous ne sommes rien,
tandis que Dieu est tout.
Pour prier donc,
il faut être conscient de notre limite, de notre pauvreté et de
notre petitesse : « Le pauvre invoque et Dieu l’écoute ! ».
Les riches et les puissants n’ont pas besoin de prière !
Celui qui se penche sur soi, en contemplant ses mérites et ses
vertus, ne prie pas, mais il est à mille lieues de la vraie prière.
La parabole du publicain et du pharisien penche sur notre tête comme une épée
affilée qui nous coupe le cou. Un exemple nous est donné par la Sainte Vierge, qui
dans le Magnificat chante que Dieu <disperse les hommes au cœur
superbe> et <élève les humbles et renvoie les riches les mains
vides>
UN PAUVRE FRÈRE.
Saint Pio de Pietrelcina s’est senti pendant toute sa vie,
<un pauvre frère> qui n’a d’autre tâche que celle de prier et de
faire prier. Il sait que l’on ouvrira à ceux qui frappent, et que
l’on donnera à ceux qui demandent. Sa plus grande joie,
aujourd’hui qu’il est au ciel, c’est de savoir qu’il y a dans le
monde des milliers de ‘Groupes de prière’, c'est-à-dire un fleuve de
prière qui traverse les cinq continents et se jette dans le haut des cieux.
Le 25 septembre 1975,
Paul VI a dit de lui, qu’il «a donné naissance à une foule d’orants,
un fleuve de personnes qui prient ». Et Jean-Paul II,
qui l’avait constamment dans le cœur, comme j’ai pu le constater
moi-même pendant les différentes rencontres que j’ai eu avec lui,
recommanda aux Groupes de prière de cultiver soit la prière personnelle,
soit la prière communautaire, en harmonie avec le souffle orant de
l’Église. Et il ajouta : « Comme pour Padre Pio, vous
aussi devez suivre les deux pivots de la vie spirituelle : l’Eucharistie
et la réconciliation, qui sont le moyen privilégié du dynamisme pascal,
qui jaillit de la puissance du sacrifice du Christ (4 mai 1986). Si nous
lisons les nombreux discours où Jean-Paul II a parlé de Padre Pio,
nous restons étonnées, parce qu’il n’y en a aucun qui ne souligne pas la
primauté de la prière et la nécessité que tous ses dévots apprennent à être des
hommes et des femmes de prière.
Comme François
d’Assise, Saint Pio de Pietrelcina aussi est une copie parfaite du Christ et il
l’est surtout parce que lui aussi est un frère fait prière.
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