Vivre en disciple

Dix-neuvième dimanche du temps ordinaire

Georges Madore 

 

Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) est un théologien et pasteur allemand victime du nazisme.  Au nom de sa foi dans le Christ, il dénonça la pensée et les projets d’Adolph Hitler et participa à la résistance allemande.  Il s’impliqua dans un réseau qui permettait à des Juifs de fuir vers la Suisse.  Arrêté par la Gestapo en 1943, il continua à écrire pour faire connaître sa pensée et soutenir les opposants au nazisme.  Grâce à des soldats qui croyaient en lui, ces écrits de résistance furent transmis hors des murs de la prison et publiés.  Bonhoeffer fut pendu le 9 avril 1945, à peine un mois avant la capitulation de l’armée nazie.

 

Dans son livre Vivre en disciple, publié en 1937, Bonhoeffer réfléchit sur l’état du disciple du Christ.  Dans son contexte de lutte contre le nazisme, il explore les conséquences de ce choix.  Il écrit cette phrase frappante : Seul celui qui croit obéit; seul celui qui obéit croit vraiment.  Il ne s’agit pas ici d’une obéissance mécanique.  Bonhoeffer essaie simplement de nous dire qu’être disciple du Christ commande une manière de vivre.  Cela implique qu’on fasse nôtres les choix du Christ, les valeurs du Christ, le combat du Christ contre tout ce qui détruit l’être humain dans sa dignité et sa liberté.  Et cela peut entraîner des choix douloureux.

 

Seul celui qui croit obéit, un peu comme une bonne voiture obéit bien à la route, en épouse les courbes.  Un peu comme le chauffeur fait confiance à la route et donc  lui obéit, en suit le parcours, sûr qu’elle l’amènera à destination.

 

Seul celui qui obéit croit vraiment.  Croire au Christ, c’est bien plus que dire qu’il a existé.  C’est emboîter le pas derrière lui, c’est risquer son existence à sa suite, c’est obéir au chemin de vie, aux choix qui furent les siens.

 

Voilà ce à quoi Pierre est confronté dans l’Évangile d’aujourd’hui.  Il réalise les conséquences de sa foi : il doit suivre le Christ non seulement sur les routes bien balisées de sa Galilée, mais il doit le suivre jusque dans la tempête, même lorsque tout est ébranlé autour de lui.  Il y a de ces situations où la foi impose un choix.  Être capable d’aller jusqu’au bout de sa foi, jusqu’au bout de son choix, telle est la marque d’un vrai disciple.  Cela ne fait pas de nous des surhommes.  Nous demeurons fragiles, nous pouvons être envahis par le trouble et la peur.  Mais alors, comme Pierre, il nous faut le courage de crier, du fond de notre faiblesse : Seigneur, sauve-moi!

 

Georges Madore