Quelle mouche t'a piqué?

Quinzième dimanche du temps ordinaire

frère Jacques Bélanger, capucin

  

«Un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de l'homme blessé; il le vit et fut saisi de pitié. Il s'approcha, pansa ses plaies … » (Luc 10, 25-37)

Cette Parabole veut illustrer par un fait concret jusqu'où peuvent nous mener l'imprévu de la vie, et l'appel du Seigneur; mais la Parabole vise surtout à nous faire entrevoir ce qui se passe dans le cœur même de Dieu.

Le Samaritain, héros de ce jour, fait partie des gens que les Juifs considèrent pratiquement comme des frères ennemis. Il n'hésite pas à prendre en charge un pur inconnu : pour combien de temps et à quel prix?  Quelle mouche a donc piqué ce jour-là le généreux voyageur? Quel ressort s'est déclenché en lui pour qu'il s'engage à ce point? Je ne puis par ailleurs m'empêcher de penser : qu'aurais-je fait à sa place?

Il s'agit sans doute du même ressort qui a conduit le Fils de Dieu  à prendre chair de notre chair, et à marcher à nos côtés avec l'extrême tendresse qu'on lui connaît. Sa motivation, Jésus l'a reçue de son Père, et il l'a finalement trouvée dans son propre cœur, comme le suggère la première Lecture d'aujourd'hui : «La Parole (du Père), elle est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique». (Deutéronome 30,14)

Le Samaritain généreux, dont parle l'Évangéliste Luc, ne représente-t-il pas finalement le Christ lui-même, Image visible du Dieu invisible? (Deuxième Lecture : Colossiens1,15)  Je me prends alors à rêver avec un bonheur fou, que je suis appelé à m'approprier désormais cette rude et douce vocation de Jésus : ÊTRE moi aussi le Visage du Père.

D'autre part je ne veux plus perdre de temps à juger le docteur de la Loi, ou encore le lévite et le prêtre, dont la conduite pourrait me sembler douteuse, voire scandaleuse. Je choisis plutôt d'écouter le conseil de saint Paul : «Quant à vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien!» (2Th 3,13)

frère Jacques Bélanger, capucin